«Un soir, je sors d’une répétition assez intense et mon prof de musique me propose de boire un verre. J’ai 25 ans, lui 45. Il m'emmène dans un lieu qu'il aime bien, non loin de chez lui. Puis d’un coup, c’est palpable, je sens que le fond de l’air a changé. Il m'adresse des sourires. Entrecoupés de silences. Ah, là, me dis-je, notre verre s’est transformé en date. Une vague de malaise m’envahit. Je lui annonce que j'ai assez bu en me sentant obligée de préciser que je suis fatiguée, que j’ai faim. “On peut aller chez moi. J'ai de la ratatouille”, propose-t-il immédiatement.
Sourire figé, je le remercie en déclinant la proposition –je suis bien élevée. Il ne semble pas m’entendre et renchérit: “Je sais bien faire la cuisine, tu sais.” Je ris –par politesse encore– et décline une seconde fois, espérant qu’il comprenne mon refus. L’alcool ingéré trop rapidement m’empêche d’être aussi ferme que je le souhaiterais. “Tu sais, si tu es fatiguée et que tu habites loin, tu peux dormir chez moi, il y a aucun soucis. Il y a un canapé.” Nouvelle tentative balbutiante pour décliner la proposition. Il répète encore que je peux dormir sur son canapé. Je finis par me lever en bâillant ostensiblement. Je lui annonce que je vais régler mon verre. Il refuse. L'homme m'accompagne ensuite jusqu'à la bouche de métro où il me demande pour la cinquième fois si je suis sûre de vouloir rentrer chez moi. Je décline et dévale en courant les escaliers.
Dans les souterrains du métro, je tremble. De peur, d’émotion, de soulagement. J’ai échappé de peu à cette emprise, à cette trappe qui tentait de se refermer sur moi.
“Pourquoi en faire une telle histoire, il ne s’est rien passé?” Justement, il ne s’est rien passé. Cette fois. Car je ne connais que trop ce scénario où un homme réussit, après beaucoup d’insistance, à me conduire chez lui en estimant que je lui dois une faveur sexuelle d’autant plus difficile à éviter que je n’ai pas d’autre endroit où dormir que dans son lit. Ces moments font partie des pires instants de ma vie et personne ne m’y a préparée, encore moins à leur récurrence.»
http://www.slate.fr/story/177105/hommes-femmes-culture-insistance-non-seduction-sexualite?fbclid=IwAR1ZTqRSh0bmZWxyLVwAPt-nXEudTw1_x61OobuT_DYMLtvuZqimsdHg9j4
Sourire figé, je le remercie en déclinant la proposition –je suis bien élevée. Il ne semble pas m’entendre et renchérit: “Je sais bien faire la cuisine, tu sais.” Je ris –par politesse encore– et décline une seconde fois, espérant qu’il comprenne mon refus. L’alcool ingéré trop rapidement m’empêche d’être aussi ferme que je le souhaiterais. “Tu sais, si tu es fatiguée et que tu habites loin, tu peux dormir chez moi, il y a aucun soucis. Il y a un canapé.” Nouvelle tentative balbutiante pour décliner la proposition. Il répète encore que je peux dormir sur son canapé. Je finis par me lever en bâillant ostensiblement. Je lui annonce que je vais régler mon verre. Il refuse. L'homme m'accompagne ensuite jusqu'à la bouche de métro où il me demande pour la cinquième fois si je suis sûre de vouloir rentrer chez moi. Je décline et dévale en courant les escaliers.
Dans les souterrains du métro, je tremble. De peur, d’émotion, de soulagement. J’ai échappé de peu à cette emprise, à cette trappe qui tentait de se refermer sur moi.
“Pourquoi en faire une telle histoire, il ne s’est rien passé?” Justement, il ne s’est rien passé. Cette fois. Car je ne connais que trop ce scénario où un homme réussit, après beaucoup d’insistance, à me conduire chez lui en estimant que je lui dois une faveur sexuelle d’autant plus difficile à éviter que je n’ai pas d’autre endroit où dormir que dans son lit. Ces moments font partie des pires instants de ma vie et personne ne m’y a préparée, encore moins à leur récurrence.»
http://www.slate.fr/story/177105/hommes-femmes-culture-insistance-non-seduction-sexualite?fbclid=IwAR1ZTqRSh0bmZWxyLVwAPt-nXEudTw1_x61OobuT_DYMLtvuZqimsdHg9j4